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- Interview -

Véronique Forge-Karibian
Dame de faire

Véronique Forge-Karibian conjugue sa passion à coup de talons et de talent. Et lorsqu’elle prend la parole, timbre assuré, on sent poindre derrière ce visage botticellien un désir de faire sens. C’est peut-être son parcours de Sciences-Po, à Londres, jusqu’aux plateaux de télévision, qui a forgé chez la journaliste une telle volonté de fer et de faire. Avec Business O Féminin, elle envoie à la femme active un message de liberté, en lui donnant des clés de réussite pour sa vie professionnelle. Conversation (dé)libérée avec une femme d’exception…

L’empowerment des femmes est sur toutes les lèvres. Quel est l’objectif et la vision de votre magazine en ligne Business O Féminin?
Business O Féminin est né de la volonté de donner aux femmes des conseils et outils pour leur vie professionnelle et personnelle, les aider à trouver leur chemin et développer leur potentiel et talents. Notre nouvelle formule permet à nos membres d’accéder à un contenu exclusif, à des évènements (Business O Féminin Club), des prix (Business O Féminin awards) et faire ainsi partie de notre réseau influent.

Travailler était considéré jadis comme une servitude. Aujourd’hui source d’épanouis-sement, le travail mène vers une quête de liberté. Quelles sont les clés de la réussite ?
Travail vient de tripalium, instrument de torture ! Et c’est encore le cas quand on voit le nombre croissant de « Burn out » …
Il n’y a pas de clés de réussite, chacun a la sienne en fonction de ses valeurs et de son histoire. C’est comme le bonheur, chacun a ses recettes même s’il y a sans doute quelques fondamentaux. Pour moi, la réussite passe déjà par la connaissance de soi et de ses aspirations car comment trouver sa voie si nous n’avons pas sondé qui nous étions. Nous avons beaucoup d’images de la réussite véhiculées par les media mais elles ne correspondent pas forcément à ce que nous sommes. Or, pour moi, il n’y a rien de plus destructeur que de vouloir ressembler à l’autre. Les clés de SA réussite passent donc avant tout par cette introspection et ce voyage intérieur.

Liberté de se connecter à son désir professionnel, liberté de changer de carrière, liberté d’entreprendre, liberté de s’épanouir dans sa vie professionnelle sans sacrifier sa vie personnelle… Mais pour être libre, encore faut-il s’émanciper…
La liberté se conquiert chaque jour, elle est difficile à atteindre car nous vivons dans des sociétés qui nous imposent des normes et schémas de pensée. Il faut s’en détacher pour pouvoir s’émanciper et se sentir libre de ses choix et de sa vie. Ce n’est pas simple mais je pense qu’être curieux des autres, côtoyer des personnes qui ne nous ressemblent pas forcément nous aident à appréhender d’autres possibles.

Que conseilleriez-vous à une personne désireuse de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale ?
Je lui dirai de parler de ses aspirations à des entrepreneurs pour comprendre ce que cela implique à la fois professionnellement et personnellement car aujourd’hui, entreprendre est devenu le nouveau cool mais cette vie n’est pas faite pour tout le monde, il faut avoir la personnalité qui va avec, un sens de la prise de risque et une capacité à savoir se réinventer en permanence. Derrière les « success stories » que les media nous vendent il y a beaucoup, beaucoup de travail et de stress. Il faut la capacité mentale pour gérer cela. Pour se lancer, s’entourer de personnes positives qui vont vous aider à grandir tout au long de votre aventure entrepreneuriale est clé !

Croyez-vous-en la force des réseaux pour booster sa carrière ?
Les réseaux sont essentiels pour le développement de sa vie professionnelle car des rencontres naissent des opportunités. Le réseau se construit au fil des années et il n’est pas nécessaire d’en avoir un au départ. Nous avons tous la capacité de nous le créer et il doit être varié, je ne crois pas qu’il faille par exemple être uniquement dans des réseaux féminins. Nombre de mes « bonnes fées » ont été des hommes !

Plus que jamais, la liberté est une valeur que nous nous devons de défendre. Quelles sont les femmes qui ont œuvré pour revendiquer ce droit et que vous admirez ?
Sans hésiter, Olympe de Gouges, une pionnière qui revendiqua l’égalité des droits entre hommes et femmes et finit guillotinée sous la révolution française pour s’être battue pour ces droits fondamentaux. Simone de Beauvoir fait aussi partie de mon Panthéon, je me souviens encore du jour où j’ai ouvert la première page du Deuxième Sexe et de cette phrase : « On ne naît pas femme, on le devient ». Pour moi, il y a un avant et un après ce livre.
Enfin, comment ne pas citer Simone Veil que j’ai eu la chance d’interviewer dans mon émission « Femmes d’exception » sur Direct 8. Son combat pour le droit à l’IVG a changé le destin de tant de femmes. Ce droit menacé aujourd’hui dans tant de pays doit être défendu avec force.

Comment voyez-vous l’entrepreneuriat au féminin dans les prochaines décennies ?
Je pense que l’entrepreneuriat féminin va s’accélérer car nous avons besoin des femmes pour changer ce modèle économique et sociétal qui s’essouffle et qui nous le prouve chaque jour entre catastrophes climatiques, écologiques et nouvelles luttes sociales.
J’étais récemment au Global Summit of Women à Bâle (juillet 2019) et j’ai pu voir la puissance de cette vague mondiale avec toutes ces entrepreneures venues du monde entier qui imaginent le monde autrement. Les femmes entreprennent avec une volonté d’avoir un impact positif dans la Cité et leurs réponses aux défis du XXIe siècle doivent être entendues. Ce siècle sera, je l’espère, le siècle des femmes !

Votre mantra ?
J’en ai deux :
« Well behaved women rarely make history » Eleanor Roosevelt — « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait » Mark Twain.