A Michel Reybier Hospitality edition

Par mots-clés

Par numéro de parution

- Interview -

Valentine Pozzo di Borgo

Empreintes olfactives

Lorsque VALENTINE POZZO DI BORGO suivait ses études de finance à l’Université de Paris Dauphine, elle était loin d’imaginer qu’elle serait rattrapée par un destin olfactif, qui renforcerait encore le lien qui l’unit à sa famille.

Votre arrière-arrière grand-père a créé la prestigieuse Maison Givaudan. Votre grand-père est à l’origine de somptueuses fragrances parmi lesquelles « Fleur de Fleurs » de Nina Ricci et « Paloma » de Paloma Picasso. Le parfum est-il inscrit dans votre ADN ?
Je ne l’imaginais pas une seconde ! J’avais opté pour des études financières car je rêvais d’entreprendre, sans trop savoir dans quel domaine. C’est à l’autre bout du monde et loin de ma famille que ma vocation est née, alors que de manière inattendue, je me retrouvais à la tête d’un projet « cosmétiques et parfums de luxe », à Pékin. J’ai immédiatement appelé ma mère pour lui faire part de ce clin d’œil de la vie et lui annoncer que je voulais créer ma marque de parfum, avec elle ! Dès mon retour en France, nous avons fondé « Pozzo di Borgo » et « Quintessence Paris ». La passion ne m’a jamais quittée.

Valentine Pozzo di Borgo

© P.-E. de Pibrac

Les premiers parfums que vous avez imaginés rendent hommage à des personnages de votre famille…
Oui, car ils sont très inspirants ! Toute ma famille a vécu dans la même maison, durant de nombreuses années. J’ai été marquée par mon enfance passée à observer ces figures hautes en couleurs, et j’ai eu envie de raconter leurs personnalités hors du commun à travers des créations parfumées. D’autres portraits olfactifs suivront, car ce projet me tient à cœur.

Quel parfum portez-vous ?
Plusieurs nez se sont penchés sur mon identité olfactive et presque tous m’ont associée à l’iris, ce qui m’a surprise et ravie car j’aime sa délicatesse poudrée. Mais au quotidien, je ne me parfume pas, car je respire des arômes toute la journée.

Valentine Pozzo di Borgo

© J. Sfez.

Quelles odeurs ont marqué votre vie ?
L’une de mes expériences olfactives les plus intenses est liée à ma mère. Elle a toujours porté « Fracas » de Piguet, un parfum charismatique, qui remplissait la maison de ses puissantes notes de tubéreuses. Il lui va si bien que lorsqu’elle lui est infidèle, je ne la trouve pas tout à fait elle ! Je suis également très réceptive aux odeurs des lieux, qui connectent directement aux souvenirs et aux émotions. Celle du maquis corse me transporte immédiatement au paradis. Et lors de mes voyages, il m’arrive de traquer des odeurs ou des plantes, comme récemment le galbanum iranien, dont j’ai fini par trouver la trace !

Qu’est-ce qu’un grand parfum, selon vous ?
Celui qui provoque une émotion, agréable ou pas. Il doit marquer les esprits, ne pas être lisse et surtout, ne jamais laisser indifférent.

Votre authenticité passe aussi par l’équilibre que vous avez su trouver entre vos deux passions ?
Absolument, le cheval est mon autre vie. Il est inscrit en moi pour toujours, de manière indélébile et me permet de me ressourcer, de me libérer. Depuis que j’ai développé mon sens olfactif, je reçois plus vivement encore les odeurs de mousse, de pluie, de foin, de cuir… qui me rassurent. La compétition m’a appris la discipline, la sensibilité à l’autre et l’esprit d’équipe. Ces valeurs, je les partage au quotidien avec celles et ceux qui m’accompagnent dans mes projets parfumés.

La boutique Quintessence Paris
38 rue de l’Université - 7e arrondissement.
www.quintessence-paris.com

Propos recueillis par Michèle Wouters

 
 
Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedIn
«
»

Articles connexes


Nathalie Obadia

Passionnée d’art depuis l’enfance, Nathalie Obadia est une galeriste comblée par un métier qu’elle aime comme au premier jour. Pour ses artistes, elle ambitionne les plus belles places de la scène artistique internationale.

Carole Talon-Hugon

Professeur à Sorbonne Université et Directrice du Centre Victor Basch de recherches en esthétique et philosophie de l’art. Présidente de la Société Française d’Esthétique. Directrice de publication de la Nouvelle Revue d’Esthétique.

Hervé Le Guyader

Professeur émérite de biologie évolutive, Hervé Le Guyader pose sur le monde du vivant un regard de spécialiste, qui se veut optimiste.

Bertrand Piccard

Fils d’un océanographe explorateur des profondeurs et petit fils du premier homme à avoir atteint la stratosphère, il est marqué dès l’enfance par l’idée que d’autres voies sont toujours possibles, à condition de remettre en question ses habitudes et d’aller au bout de ses combats. Le sien : améliorer la qualité de vie sur la terre.


Retrouvez-nous