La Réserve Magazine Rethinking Luxury

Jeremy Scott pour Moschino, collection prêt-à-porter printemps-été 2016.

Piero, c’est quoi la joie ?

C’est ce qui vous remplit la poitrine et vous donne envie de vivre plus ! Pour moi elle est liée à la création ; à ce moment magique où l’œuvre imaginée apparaît, où l’on parvient à décoder la démarche de l’artiste, où le rêve touche le réel.

Il y a de la joie sur les podiums ?

Bien sûr, découvrir plusieurs mois de travail d’un couturier, dérouler et comprendre le fil de sa démarche, avoir la sensation de pénétrer sa pensée. C’est jubilatoire !

Y a-t-il des créateurs plus joyeux que d’autres ?

Oui, certains jouent sur des codes assez sombres, d’autres ont un tempérament optimiste. Moschino manie brillamment l’ironie. Enrico
Coveri transmet la joie de vivre à travers son savoir-faire irréprochable. Dans ses dernières collections, Versace s’amusait de l’image des rocks stars.

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Jean Paul Gaultier et Vivienne Westwood sont pétris d’humour et de dérision. Leurs créations sont des manifestes d’idées, des concentrés d’audace.

Quelles images ramenez-vous des défilés ?

J’adore aller au-delà de l’apparence, rencontrer l’être humain derrière le mannequin qui porte les vêtements, saisir sa vulnérabilité, ses petits défauts ; la fragilité a tellement de charme !

Pourquoi photographiez-vous si souvent le «backstage» ?

Dans les coulisses, il y a une vérité et une fraîcheur que j’adore capturer et montrer. Les jeunes filles qui descendent des podiums sont des gamines pleines de vie qui rigolent et oublient d’être belles.

Aujourd’hui, a-t-on encore plus besoin de joie ?

Notre monde n’est pas drôle tous les jours et la joie, on la cherche partout. Mais il ne faut pas en être spectateur. Il faut la créer, l’inventer.

Propos recueillis par by Michèle Wouters

Photographe de mode d’origine vénitienne, Piero Biasion fait ses études à l’Académie des Beaux-Arts de Gênes où il s’ouvre à toutes les formes d’arts avant de se focaliser sur la photographie. Avec Florence Henri, figure notoire du Bauhaus, il participe à des expositions d’envergure, notamment au Palais Pitti de Florence et au château de Fontainebleau, en France. A la fin des années 70, il réalise ses premiers clichés de mode pour Gianfranco Ferre. Très vite, les magazines les plus prestigieux s’arrachent ses images, à l’instar de Vogue International. Depuis, il ne cesse de collaborer avec les plus grands : Giorgio Armani, Dolce & Gabbana, Christian Dior, Salvatore Ferragamo, Lanvin, Moschino, Versace…