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- Interview -

Lara Gut

Étoile des neiges

Ce n’est pas une athlète comme les autres. Avec son allure de beauté de mode, fraîche et pétillante, Lara Gut est non seulement une championne de ski hors norme mais aussi une femme remarquablement brillante. Vainqueur du classement général de la Coupe du Monde 2015-2016 et des Globes de Super G en 2014 et 2016, elle a aussi décroché une médaille de bronze en descente aux Jeux Olympiques de Sotchi et cinq médailles aux Championnats du Monde. Cette suissesse est aussi déterminée sur les pistes, qu’elle dévale régulièrement à plus de 130 km/h, que dans sa vie de tous les jours.

 
 

D’où vous vient cette passion pour le ski ?
Mon père a fait des courses au niveau national et ma mère avait un bon niveau également mais c’est ma tante qui m’a offert très tôt une paire de skis que je n’ai plus quittée. Durant toute mon enfance, j’ai skié avec mes parents mais ils ne m’ont jamais poussée à faire de la compétition. Au début, je n’étais d’ailleurs même pas inscrite dans un club. Je progressais seule. Ce n’est qu’à l’âge de 14 ans que j’ai commencé à m’entrainer plus sérieusement. J’adorais ce sport et je voulais évoluer. Tout s’est fait naturellement, rien dans la contrainte.

Aviez-vous des facilités déjà très jeune ?
Je trouve absurde de dire qu’un gamin, à l’âge de 10 ans, va avoir une carrière exceptionnelle. C’est ce que l’on va raconter quand l’athlète aura remporté des médailles. Il y a tellement d’enfants doués qui ne deviendront pas des champions. Le niveau atteignable se décide plus tard grâce à la motivation, la volonté et l’implication. Mes parents m’ont éduquée en me disant que j’avais la vie dans mes mains et c’était à moi de décider ce que je voulais en faire. Et pour moi, tout a été logique et simple.

Quel est votre investissement ?
Mon travail c’est pratiquement 50 semaines sur 52. Généralement, je participe aux courses jusqu’à fin avril, le mois de mai est relativement libre et après je suis un entrainement physique jusqu’à fin juillet. Puis, je pars skier en Amérique du Sud et je termine la préparation sur des glaciers en Suisse ou en Autriche. Fin octobre, la compétition reprend. Dans mon métier, les journées ne se ressemblent jamais. Même si on se rend sur la même piste plusieurs jours d’affilée, la neige et les tracés sont différents. C’est toujours un nouveau challenge.

Qu’est-ce qui vous plaît dans ce sport ?
C’est la sensation de liberté. Quand je suis au départ, c’est un défi entre moi et la montagne. J’aime aussi progresser et travailler les petits détails pour atteindre la perfection.

Quelle est la récompense dont vous êtes la plus fière ?
On peut tout gagner mais si on n’est pas heureux ça n’a pas de valeur. La plus grande récompense pour moi est de faire ce que j’aime au quotidien et ma victoire est celle d’être heureuse dans le sport tout comme dans ma vie privée. Être à l’aise avec moi-même, je ne cherche rien d’autre que cela.

L’excellence est le thème de ce numéro, que signifie ce mot pour vous ?
Parler d’excellence ce n’est pas parler juste de résultats. Je trouve cela très réducteur. Souvent dans le sport, si vous gagnez, c’est top et si vous perdez, vous êtes nulle. L’excellence, c’est la qualité des mouvements et de la course.

La peur est-elle omniprésente dans vos courses ?
Non surtout pas ! Si on commence à avoir peur on n’est plus capable de gérer, ça bloque, ça devient dangereux. Dans la vie c’est pareil, il faut réussir à comprendre les raisons de ses appréhensions et évacuer ce stress. En revanche, il y a de l’adrénaline et des émotions incroyables.

Vous êtes maintenant très appréciée par le public, comment expliquez-vous cette popularité ?
J’essaye toujours de rester fidèle à moi-même. Au début de ma carrière, j’ai été parfois maladroite dans ma communication car j’étais jeune et je ne savais pas comment gérer les situations. C’était dur, je voulais juste skier mais il y avait plein de choses en parallèle que je ne maîtrisais pas. Maintenant j’y arrive mieux. Quand j’entends des enfants me dire que c’est en regardant mes courses qu’ils ont eu envie de skier, je n’ai pas le droit à l’erreur.

Que voudriez-vous faire après le ski ?
Je ne sais pas encore mais je veux continuer à skier longtemps. La communication m’intéresse beaucoup, ça me fascine même. Justement mes échecs à ce niveau m’ont tellement servi que c’est peut-être une option pour ma reconversion.

Propos recueillis par Anouk Julien-Blanco

 
 

Images

© N. Castelli – Paranoiko

© A. Trovati - Phentaphoto

© A. Trovati - Phentaphoto

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© Y. Bachmann

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