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- Interview -

Géraldine Fasnacht
La femme oiseau fait son nid dans l’audace !

Samedi 7 juin 2014. Il est midi. L’ascension a duré plus de 8 heures. Géraldine Fasnacht est à 4 478 m. Le saut qui s’annonce a été longuement étudié. Équipée de sa combinaison de WINGSUIT, elle s’élance et à plus de 150 km/h vit quelques minutes de pure adrénaline, de pur bonheur. Accompagnée d’un ami, elle réussit une première mondiale : le Cervin ! Mais qui est cette femme oiseau ?

Le rêve d’Icare  version Géraldine

« Dès 1998, pour trouver un palliatif au snowboard durant les beaux jours, j’ai vite été attirée par le base-jump ». Avant de se lancer, elle veut avoir la maîtrise totale. Alors elle s’initie au parachute et 300 sauts plus tard, la voilà à Lauterbrunnen à se jeter d’une falaise ! Puis elle découvre une discipline, qui en est à ses balbutiements, la wingsuit. Premier vol en 2001 en Norvège, et là pas de doute, c’est cela et rien d’autre qui la fait vibrer ! Pendant plus de 10 ans, sans relâche, elle s’entraîne. Le matériel évolue. Elle réalise une première en sautant des Drus en 2012. Elle rêve du Cervin. Elle se l’offre deux ans plus tard. « Les trois premières secondes sont les plus intenses ». Le bruit de la vitesse a son importance. La combinaison se gonfle, elle donne comme l’impression d’être posé sur un coussin d’air. A peine 2 minutes plus tard, le vol est fini mais quel vol ! « Un homme ne peut pas voler comme un oiseau et pourtant si, moi je vole ! » et ce n’est pas une autre de ses premières mondiales qui démentira Géraldine puisque le 5 novembre 2015, elle vole avec un aigle. Victor et elle s’élancent du Brévent à Chamonix, côte à côte, ils effectuent le même vol en direction de la vallée. Grâce à toutes ses expériences, Géraldine, en parallèle à sa vie d’athlète, donne des conférences pour apprendre à gérer les risques, canaliser ses forces, se dépasser… « Oser ses rêves », telle est sa devise et en la matière elle a bien réussi !

www.geraldinefasnacht.ch

Par Valérie Blanc

BIO EXPRESS

Dès 2 ans, Géraldine Fasnacht a les skis aux pieds, à Verbier. Alors qu’elle n’a pas encore 10 ans, elle découvre le snowboard. Une révélation ! Si le snowboard est une passion qui la cheville au corps, il lui faut pour autant avoir une « vraie vie ». Géraldine la conjugue avec un cursus scolaire normal puis un apprentissage en commerce qu’elle fait chez Swissair à Genève. « Chaque année j’attendais impatiemment la fameuse compétition l’Xtreme de Verbier. Devant mes yeux, tous ceux qui me faisaient rêver ridaient le Bec des Rosses. Je n’avais qu’une envie c’était de participer ! ». Pourquoi pas elle ? Elle écrit à l’organisateur. Réponse : merci mais à 15 ans, vous êtes trop jeune ! Elle remballe sa fierté mais en rien sa détermination est entachée, au contraire, elle va rider encore et encore pour un jour se retrouver dans la pente mythique. Un sponsor la repère, elle enchaîne les compétitions pendant quelques années et gagne tout ! Elle ne vit pas encore financièrement du sport, c’est donc avec la même pugnacité qu’elle se bat pour obtenir le job de ses rêves chez Swissair. A force de persévérance, âgée d’à peine 20 ans, elle le décroche. Seul hic, un mois plus tard, l’Xtreme l’appelle, elle peut participer ! Aussitôt elle dit oui et demande dans la foulée un congé de 3 mois sans solde pour s’entraîner. Congé refusé ! Que faire ? La réponse vient de sa mère. « La vie n’est pas faite de regrets ». Géraldine démissionne - quelle audace - et démarre, à Verbier, une nouvelle vie de bohème, comme elle l’appelle, en ridant le matin et en travaillant l’après-midi. Arrive le grand jour de l’Xtreme, nous sommes en mars 2002. Elle met toute sa passion, toute sa détermination dans la pente. Elle gagne ! Sa vie ne sera plus jamais la même…