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- Interview -

Yann Arthus-Bertrand

Hyper actif

On dit de lui qu’il est le photographe le plus connu au monde. Sorti en 1999, son ouvrage « La Terre vue du ciel » s’est vendu à plus de 4 millions d’exemplaires et son exposition itinérante, présentant ses clichés, a attiré 200 millions de visiteurs. Photographe, réalisateur et fervent défenseur de la planète, il est à la tête de la Fondation « Good Planet ». Cet homme infatigable est avant tout un aventurier qui ne s’arrête jamais.

 
 

Quel genre d’enfant étiez-vous ?
J’ai eu une enfance très heureuse mais j’étais plutôt un sale gosse, turbulent. Durant ma scolarité, je suis passé par 14 écoles différentes.

Quand avez-vous commencé à vous inquiéter pour la nature ?
Quand je suis parti en Afrique, j’ai vécu trois années incroyables dans une réserve. J’ai beaucoup lu et réfléchi car je suivais les lions qui dorment beaucoup. J’ai pu analyser quelle était ma place dans ce monde.

C’est à ce moment que vous êtes devenu photographe ?
Absolument ! Les lions m’ont fait découvrir la beauté incroyable de la nature. Quand je suis rentré d’Afrique, j’ai continué la photographie et j’ai eu envie de repartir. J’ai voyagé pendant neuf ans pour prendre des photos à travers le monde et j’ai sorti le livre « La Terre vue du ciel ».

Comment expliquez-vous l’engouement pour cet ouvrage ?
Ce succès a été complètement inattendu et fou. Tous les musées avaient refusé mes photos mais le livre a tout de suite plu. à cette époque, on a inventé les expositions dans la rue et on a constaté qu’elles séduisaient un nombre impressionnant de personnes. Ces expos ont été un accélérateur incroyable pour les ventes de livres. 4 millions, je n’y crois toujours pas !

Le plus beau paysage que vous ayez vu ?
On peut visiter tous les plus beaux châteaux du monde, ce qui est le plus fort pour moi, c’est la nature. Il est difficile de résister à un grand chêne dans un champ ou à un cheval qui galope dans une forêt.

Y a t-il une photo que vous rêvez encore de faire ?
J’en ai fait tellement dans ma vie que non ! Mais je suis toujours autant enthousiaste et excité de photographier.

Comment vous différenciez-vous par rapport aux autres photographes ?
Je suis un photographe activiste et connu pour mes idées. Ensuite, je ne vends pas mes photos très chères. Je ne les numérote pas car je pars du principe que les paysages ne m’appartiennent pas, j’étais juste là au bon moment. Si je suis face à un dessinateur, je considère être vraiment en-dessous, je ne suis pas un artiste.

Quel est votre nouveau projet cinématographique ?
Je prépare un film regroupant 3000 interviews de femmes réalisées dans 40 pays différents. L’envie de faire des longs-métrages m’est venue quand j’ai découvert la vidéo à travers mes émissions de télé. Il y a eu Home, puis Human et maintenant Woman. Je m’intéresse à la place des femmes dans notre monde et je montre des vies qui ne sont pas faciles.

Finalement vous abordez souvent des thèmes qui ne sont pas très joyeux ?
Vous avez raison mais je ne suis pas un comique. Quand on analyse tout ce que je vois à travers mes voyages, la légèreté est difficile.

L’innovation est le thème de ce numéro, si ce mot dégage généralement du positif, ce n’est pas le cas pour vous ?
C’est vrai, je pense qu’il faut d’abord une innovation morale avec une prise de conscience. Vous savez quand je suis né on était deux milliards, aujourd’hui on est 7,6 milliards. Pour avancer, il faudrait prendre des mesures plus radicales.

Avez-vous des loisirs ?
Pas vraiment, je travaille tout le temps et je suis obsédé par mes activités. Je considère mon domaine, la création, tellement subtile que je veux y consacrer toute mon énergie et ma concentration.

Propos recueillis par Anouk Julien-Blanco

 
 

Images

Ébène rose sur la montagne de Kaw, Guyane.

© Q. Jumeaucourt

Balles de coton, Thonakaha, région de Korhogo, Côte-d’Ivoire.

Femme pêchant au filet sur un bras du Delia, sud de Padmapukur, District de Khulna, Bangladesh.

Marché à Cité Soleil, arrondissement de Port-au-Prince, Haïti.

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