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Franck Sorbier,

l'art et la lumière

Poète de la Haute Couture

Lors d’un dîner entre amis, le couturier Franck Sorbier rencontre Laurent Vernat, Marketing Manager chez Intel, à la recherche d’artistes souhaitant développer des projets liés aux hautes technologies dans le cadre du programme « The creator project ». Le courant passe si bien que quelques mois plus tard, la planète mode est électrisée par un défilé pour le moins « allumé » ! Sous la magie du mapping 3D, 17 robes lumineuses jaillissent de la nuit sur le podium du théâtre Antoine. Les couvertures de presse s’enchaînent. Franck Sorbier vient de réaliser un coup de maître en fusionnant les mondes de la mode et de la technologie. Au-delà de l’événement, ce défilé est aussi l’occasion d’explorer de nouveaux territoires artistiques. Conversation.

Franck Sorbier, vous aviez déjà une proximité particulière avec les nouvelles technologies avant de rencontrer Laurent Vernat ?

Franck Sorbier: Elles m’ont toujours intrigué! Et c’est lors de ma collection Hiver 2008-2009 que j’y ai goûté pour la première fois. Les dessins de mes modèles - hommage aux femmes d’exception du siècle dernier comme Mère Teresa et Dolores Ibarruri - étaient animés dans un décor virtuel, et les journalistes invités à découvrir ma collection par le biais d’un CD dans lequel mon avatar leur donnait rendez-vous. Cette démarche inédite fut un premier pas dans l’univers des hautes technologies. Depuis, je suis resté fasciné par leur pouvoir d’innovation, notamment par le mapping 3D qui permet de projeter des images et de simuler des effets hyper réalistes. Mais lorsque j’ai rencontré Laurent (Vernat), je n’avais pas encore trouvé le fil à explorer. Nos échanges m’ont permis de saisir l’immense potentiel de ce process que j’ai eu envie de transposer dans l’univers des contes de Perrault, plus particulièrement de Peau d’Âne.

Sauf que mon héroïne ne commande pas ses robes aux tisseurs du roi. Encouragée par une marraine démoniaque, elle tapote ses désirs les plus fous sur un clavier et les voit s’allumer sur sa robe en 3D.

Laurent Vernat: Pour relever ce challenge, il fallait fusionner les mondes à priori opposés de la mode et de la technologie. Mes équipes devaient véritablement pénétrer le cerveau de Franck pour parvenir à exprimer ses désirs créatifs!

Ce défilé fut un OVNI…

FS: Hors codes, hors normes! J’ai créé deux robes, celle de la marraine, noir et fine ainsi que celle de la princesse, blanche et voluptueuse, prête à se transformer sous la magie des 17 tableaux projetés.

Mais au-delà du show, cette robe pouvait-elle être portée?

FS: Au moment du défilé cette idée était encore pure science-fiction. Le procédé permettait surtout de créer des costumes et décors de scène hallucinants, pratiques à emporter en tournée! Mais depuis la technologie a rattrapé le rêve et aujourd’hui, l’on pourrait se promener avec sa robe lumineuse…

LV: L’approche iconoclaste de Franck Sorbier a bousculé tous les codes de la haute couture et impulsé de nouvelles recherches de notre part. Nous développons désormais des systèmes informatiques de la taille de boutons capables de piloter des images. Seule la batterie de 1 kilo reste problématique, mais nous travaillons sur la récupération d’autres sources d’énergie, comme la chaleur du corps, pour mettre au point de nouvelles solutions.

Avez-vous d’autres terrains d’investigation liés à la mode?

LV: Oui! Nous pouvons équiper les vêtements de capteurs mesurant les battements du cœur et les ondes cérébrales, par exemple, et exprimer ces émotions par des couleurs et des lumières! Et il est possible de commander la teinte de sa robe d’un simple clic de smartphone… Aux artistes d’imaginer les histoires à raconter. C’est tout l’intérêt de nos partenariats.

FS : Tout cela est très excitant car aujourd’hui la mode doit s’émanciper du carcan du vintage qui ne fait que revisiter les classiques et marquer sa différence avec le prêt à porter de luxe. Elle doit trouver de nouvelles voies, se réinventer… A l’extrême l’on pourrait envisager un jour acheter une robe «high tech» pour l’exposer dans son salon, comme une œuvre d’art!

La lumière reste-t-elle une source d’inspiration pour vous?

LV: Oui, sous une toute autre forme elle fut le fil conducteur de ma collection «Renaissance», réalisée à partir de tissus d’ameublement. Mon désir était alors qu’elle émane des vêtements dans sa préciosité chatoyante et soyeuse, par contraste avec les ténèbres d’un Moyen Âge habillé de bure et de laine.

Franck Sorbier, vous aussi vous attirez la lumière, celle d’artistes comme Johnny Hallyday et Mylène Farmer…

FS: J’adore habiller les artistes qui font le show et mettent en scène leurs personnages. Je rêve d’ailleurs de créer un habit de lumière pour Polnareff, s’il m’entend! Et j’ai une immense complicité avec Shy’m qui fut la marraine de ma collection «lumière» et qui osa porter ma robe bustier moulée en polyester transparent, objet de tant de buzz aux NRJ Music Award 2012. J’aime aussi celle qui pour moi incarne la lumière dans son absolue simplicité; reine de la métamorphose au sourire radieux, au jeu subtile et à l’humanité lumineuse: Meryl Streep.

Propos recueillis par Michèle Wouters

Photos: ©P.Biaison

Reportage "Visite Privée" sur Franck Sorbier (Oct.2016): 

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