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- Musique -

Sofiane Pamart

 
 

“J’aime que ma musique résonne dans la vie des gens, j’aime qu’elle éveille des émotions, des sensations, qu’elle entre dans les vies, qu’elle les relie entre elles, qu’elle fasse vibrer les moments forts.”

Comment avez-vous découvert la musique, le piano ?

Cet instrument est arrivé à la maison sous la forme d’un petit jouet en plastique, sur lequel je m’amusais à reproduire les airs de la radio. Ma mère a remarqué que j’avais une excellente oreille. À l’âge de six ans, elle m’a inscrit au Conservatoire. Je n’ai plus jamais lâché le piano, il est devenu une extension de moi-même !

Quelles musiques écoutiez-vous à la maison ? 

Celles de mes parents. Très littéraires, ils aimaient la poésie de Brassens, de Brel, de Barbara… Nous écoutions aussi des musiques traditionnelles marocaines. Plus tard, et surtout parce que mon frère, ma sœur et moi étions inscrits au Conservatoire, ils ont acheté des compilations de morceaux classiques très connus. Le fait d’avoir été bercé par ces grands thèmes a façonné ma sensibilité. J’aime la musique qui touche les gens.

Et plus tard, qu’y avait-il dans vos écouteurs à vous ? 

Des choses de mon âge, beaucoup de rap. Au début, j’associais surtout la musique classique au travail. Mais à force d’entrer dans les partitions, j’ai découvert des mystères qui ont stimulé mon imaginaire, qui m’ont ouvert tout un monde, et je me suis mis à aimer profondément cette musique.

Après le Conservatoire, dont vous êtes sorti avec un premier prix de piano classique, vous avez travaillé avec des rappeurs. Pour rompre avec une pratique très stricte de la musique ? Ou pour explorer les résonnances entre différents univers ?

Deuxième réponse ! Depuis tout jeune, je naviguais entre plusieurs styles de musique et je n’avais pas envie de choisir. L’art classique m’intéressait. L’univers du rap correspondait à ma vie. J’ai toujours voulu être pianiste, mais je ressentais le besoin d’explorer des choses nouvelles et de m’adresser à un public qui me ressemblait. Aujourd’hui, très souvent, les gens qui viennent à mes concerts assistent au premier récital de piano de leur vie ! C’est une fierté pour moi de les emmener vers ce type de musique.

Vous avez des références très éclectiques, de Chopin au rappeur Scylla en passant par Keith Jarrett. Qu’est-ce qui fait qu’une musique vous parle ?

L’émotion directe, qui me saisit avant que j’aie le temps d’analyser. D’ailleurs le plus beau compliment que l’on puisse me faire est de me raconter ce que l’on ressent à l’écoute de ma musique. J’aime moins que l’on me dise que ça a l’air difficile car cela ramène à la technique, qui est là bien sûr, mais qui doit s’effacer pour laisser place au voyage.

En 2021, vous avez été accueilli dans un haut lieu mythique de la musique : le Montreux Jazz Festival. Qu’avez-vous ressenti ?

C’était fou, non seulement je participais au festival qui me faisait rêver depuis l’enfance mais en plus, c’était mon premier concert en solo et j’étais tête d’affiche ! La pression était maximum, et ça s’est formidablement passé. Cette expérience a été fondatrice pour ma carrière d’artiste « live ».

Qu’éprouvez-vous en passant de la solitude de la composition à la rencontre d’un public aussi immense que celui de l’Accor Arena Paris-Bercy ?

J’ai besoin de solitude autant que de ce partage magique. Dans mon album Letter, j’ai tenu à exprimer ma reconnaissance à mon public en lui écrivant « Cher public, votre amour m’a sauvé de la solitude pour toujours ». En effet, le piano est un instrument qui se suffit tellement à lui-même qu’il peut nous ensevelir dans une infinie solitude. Aujourd’hui, j’ai la chance de vivre avec mon public des moments de communion extrêmement forts et totalement fous.

Le succès a été au rendez-vous dès votre premier album Planet sorti en 2019 et vous êtes aujourd’hui l’un des artistes classiques les plus « streamés » au monde. Ça donne le tournis ? 

Bien sûr ! Tout est arrivé très vite et très intensément. Pour comprendre ce qui m’arrivait, j’ai passé beaucoup de temps avec les gens qui venaient voir mes concerts, durant ma tournée. Je voulais savoir ce que ma musique provoquait en eux. J’ai appris qu’elle participait vraiment à l’histoire de leur vie, qu’elle accompagnait des moments importants, des déclarations d’amour, des accouchements ! Tout ça me rend heureux. C’est pour ça que je fais ce métier.

Comment vient l’inspiration ?

La vie me procure des émotions que j’ai besoin de raconter en musique. Tant que je n’ai pas exprimé une sensation, je me sens mal. Dès qu’elle se traduit en musique, je suis libéré. C’est pourquoi, partout où je vais, il me faut un piano à portée de mains car l’inspiration peut me prendre à tout moment. C’est ce qui s’est produit dans ma suite au Crans Ambassador où saisi par le panorama des Alpes, j’ai même prolongé mon séjour pour composer.

Vos musiques sont visuelles, elles convoquent des images. Bientôt des projets de cinéma ? 

Il se passe des choses. L’un de mes morceaux a été choisi pour accompagner une campagne Dior avec l’actrice magnétique Anya Taylor-Joy. Et il est vrai que ça bouge du côté du cinéma, autour de projets au long cours… qui me passionnent car la symbiose entre image et musique, c’est tout ce que j’aime.

Le thème de cette édition est l’art. Quel artiste êtes-vous ?

J’essaie d’immortaliser des sentiments humains. Une fois que le morceau existe, je le laisse s’échapper, il ne m’appartient plus. Il devient un lien qui relie les êtres.

Propos recueillis par Michèle Wouters
Photos © Raphaël Lugassy

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