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La singularité humaine

face à l’Intelligence Artificielle

Fascinante et terrifiante en même temps. L’Intelligence Artificielle (IA pour les intimes) est déjà entrée dans nos vies depuis longtemps. Mais ses progrès exponentiels posent des questions vertigineuses. Jusqu’à quand l’humain restera-t-il l’espèce dominante sur la planète ?

Intelligence supérieure

Jusqu’à récemment, les scientifiques estimaient que seule l’intelligence humaine était capable de garder la main sur l’organisation d’un monde qu’elle avait elle-même créé. Si les machines peuvent calculer et mémoriser infiniment plus vite que l’homme sans faire d’erreur depuis très longtemps, elles ont aussi appris à apprendre, grâce à des algorithmes de plus en plus subtils. Dans un TED d’août 2016, Anthony Goldbloom1 explique que les intelligences artificielles sont désormais capables de corriger une dissertation aussi bien qu’un professeur ou de réaliser un examen ophtalmologique avec la même qualité qu’un médecin, parfois mieux. Sauf que la machine peut le faire des millions de fois en quelques minutes, là où les capacités humaines plafonnent. Un véritable tsunami pour l’économie et les sociétés, mais d’immenses bénéfices à venir pour notre santé et notre qualité de vie.

IA faibles et IA fortes

Déjà remarquables, ces performances sont le fait d’intelligences artificielles faibles par opposition à des IA fortes, annoncées et redoutées par les spécialistes comme Laurent Alexandre2, par exemple. Le médecin explique que l’avènement probable de ces IA fortes d’ici quelques décennies, les mettra directement en concurrence avec l’homme. Conscientes d’elles-mêmes, elles seront capables d’acquérir seules des compétences jusqu’ici réservées à l’espèce humaine, comme la créativité, la compréhension des émotions, l’appréciation d’un contexte, la gestion d’une situation imprévue, le mensonge, peut-être même une forme d’intuition… Un changement de logiciel induit par les progrès sidérants du Deep Learning couplé au Reinforcement Learning, qui rend l’apprentissage des machines toujours plus autonome et surtout plus sophistiqué. En février 2017, le magazine New Scientist3 explique que Microsoft et l’Université de Cambridge ont mis au point DeepCoder, un outil permettant à une intelligence artificielle d’écrire son propre code. Pour parer à toute éventualité, Google travaille sur un « bouton d’urgence » en cas d’IA menaçante. L’instant critique viendra lorsque ces IA nouvelle génération parviendront à communiquer entre elles sans que les humains le sachent…

La fin de l’histoire ?

Beaucoup de scientifiques en ont la conviction, une IA forte a naturellement vocation à la toute-puissance, comme dans les pires scénarios de science-fiction. D’autres évoquent l’avènement d’une humanité hybride, avec un homme augmenté, transformé par l’intelligence artificielle et l’informatique, gardant donc la main sur les machines. Dans son best-seller Sapiens, une brève histoire de l’humanité, l’historien Yuval Noah Harari4 explique que l’humain s’est imposé sur la Terre grâce à sa capacité à raconter des histoires, à construire des mythes. C’est ainsi que nous sommes devenus « les seuls animaux capables de coopérer de façon flexible et en très grand nombre » explique-t-il. Aujourd’hui, l’humain cherche l’immortalité, ultime conquête, qui selon l’auteur passe par l’hybridation avec les machines, pour les performances physiques comme pour l’intelligence. D’une certaine manière, ce serait aussi la fin de l’humanité telle que nous la connaissons. Mais dans ce nouvel âge, on peut espérer que les émotions et le don extraordinaire des humains pour les relations sociales survive…

(1) Anthony Goldbloom, CEO de Kaggle – (2) Laurent Alexandre, Chirurgien urologue, Fondateur de Doctissimo et CEO de DNAvision – (3) New Scientist N°3114 - Février 2017 – (4) Yuval Noah Harari, Diplômé d’Oxford, Professeur d’Histoire à l’Université Hébraïque de Jérusalem.

Par Anne-Marie Clerc

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