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La mode est-elle rabat-joie ?

Défilé de filles tristes, stylistes au bord du burn out, couleurs sombres, formes austères… Pourquoi la mode est-elle souvent atteinte de neurasthénie chronique ? Le désespoir ferait-il vendre ? Heureusement, certains défendent avec succès une autre vision du style, plus solaire, joyeuse, positive.

Désincarnées. Au propre comme au figuré. Toujours plus maigres, toujours plus boudeuses, les filles des défilés et des photos de mode ont aujourd’hui presque toutes le même profil. Pas question de voler la vedette au vêtement ou au sac ! Il est loin le temps des top models stars, les Linda Evangelista, Stephanie Seymour, Naomi Campbell et Cindy Crawford. Toute une époque que le biopic sorti l’été dernier sur John Casablancas, créateur de l’agence Elite, décrit très bien. Paradoxe, tout le monde se souvient de la fantaisie pleine d’esprit d’une Inès de la Fressange ou de l’anticonformisme d’une Kate Moss, mais aujourd’hui ? L’époque a changé et la mode est devenue un vrai business où le produit est roi et le mannequin un accessoire interchangeable. Nous sommes passés du «Sois belle et tais-toi» à «Sois triste et défile», comme si une mine désabusée hautaine rendait les marques plus désirables car plus inaccessibles.


Noir c’est noir

On pourrait faire le lien entre une civilisation en crise et une volonté de se replier vers des couleurs sombres, des formes minimalistes ou même des tentations grunge. Peut-être. Il y a incontestablement une dimension culturelle dans les tendances de mode. L’école belge incarnée par La Cambre de Bruxelles et «Les Six d’Anvers» dans les années 80 mais aussi la vague japonaise à la même époque reflètent les états d’âme d’une société à un moment bien précis. Pourtant, ce côté sombre a essaimé bien au-delà et donné le ton des collections un peu partout dans le monde. Il suffit de se promener dans les rues de New York ou de Paris pour observer que le noir est définitivement the new black, à quelques exceptions près.


Par Anne-Marie Clerc

Assumer la futilité

Souvent accusée de futilité, la mode vaut beaucoup mieux. Comme le disait Christian Dior, «Il n’y a pas plus de futilité dans la mode que dans la poésie ou la chanson». L’allure du moment qui se réinvente chaque saison a le mérite de nous inviter à l’insouciance, inutile de se réfugier dans la noirceur pour contrebalancer un hypothétique manque de sérieux. Revendiquons le droit à s’amuser un peu, à prendre les choses avec légèreté. Si la mode est une industrie qui brasse des milliards et qui permet de perpétuer de précieux savoir-faire, c’est aussi un jeu. Osons un peu de frivolité au quotidien…


Y’A DE LA JOIE...

Du moins, il y a de l’espoir ! Certains créateurs démontrent avec talent que le chic ne s’habille pas seulement en noir. Ainsi, de grands noms comme Jean Paul Gaultier, Dolce & Gabbana, Moschino, Chloé ou Miu Miu défendent depuis longtemps une autre vision, plus solaire, plus rayonnante, plus colorée et qui n’oublie pas une touche d’humour. Rendons aussi hommage à Sonia Rykiel dont le final des défilés était toujours une fête, avec des filles riant aux éclats. Alors pourquoi ne pas sortir la joie du dressing ? N’oublions pas que «l’habit fait le moine» comme le dit la sagesse populaire… à méditer alors que l’on annonce une vague de rose bonbon et de paillettes glitter au top des tendances automne-hiver 2016-2017 !


Final du défilé Sonia Rykiel Printemps-Été 2009
© Getty images - K. Prouse/Catwalking

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