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- Interview -

Mike Horn

Légende vivante

Il visite la planète en accomplissant des exploits qu’aucun homme n’a jamais réalisés, comme la traversée de l’Antarctique, soit 5 100 kms en 57 jours sans moteur, en solitaire et sans assistance. MIKE HORN se rend dans des lieux où personne n’ose s’aventurer et marcher pendant 20 heures en une journée quand le thermomètre affiche  -50 degrés ne lui fait pas peur. À 52 ans, cet aventurier hors-norme est toujours prêt à relever de nouveaux défis.

Vos exploits, votre persévérance et votre détermination me donnent envie de vous définir comme un surhumain, avez-vous cette même perception ?
Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours aimé la nature avec un désir intense de repousser mes limites. J’ai grandi en voulant constamment sauter plus haut, courir plus vite et faire plus de vélo que les autres. Je voulais passer mon temps à l’extérieur et grimper aux arbres. En grandissant, cette passion pour la nature et le dépassement de soi s’est accentuée ! Aussi, je ne pense pas être devenu un explorateur; il me semble être né explorateur.

À la base d’où vous vient cette vocation, y a-t-il eu un élément déclencheur dans votre existence ?
À l’âge de 8 ans, j’ai dit à mon père, qui était joueur de rugby, que je voulais avoir la même carrière que lui. C’était après un match où il avait marqué un essai décisif pour l’équipe nationale d’Afrique du Sud. Et il m’a répondu que je pouvais faire mieux que lui. Cette conversation a été l’élément déclencheur. Quand on a un modèle absolu, comme c’était le cas pour moi avec mon père, et qu’il vous dit que vous pouvez accomplir de plus grands exploits que lui, c’est une véritable révélation.

Comment avez-vous atteint un tel niveau ?
Dans la vie, on se donne toujours trop d’options. Mais quand vous n’avez pas de choix possible, c’est là que vous pouvez optimiser vos performances. Vous devez faire de votre mieux tous les jours en étant réactif au changement et en vous adaptant rapidement aux conditions. Pendant ma traversée de l’Antarctique, je n’avais pas de schéma, ni de rythme préétablis. Quand les conditions étaient favorables, j’étais prêt même si je devais me réveiller au milieu de la nuit. Je n’avais qu’un objectif et je me disais : « Passe de l’autre côté aussi vite que possible. Demain sera plus difficile, il fera plus froid, il y aura moins de lumière et peut-être une tempête. C’est maintenant que tu dois foncer ! » Mes expériences accumulées au fil des années, mon savoir-faire, une préparation minutieuse, beaucoup de volonté, de détermination et la rage de survivre ont complété cette force psychologique. J’ajoute quand même : peut-être ai-je juste eu de la chance !

En juillet dernier, vous avez tenté de gravir le K2, connu pour la difficulté et la dangerosité de son ascension, pouvez-vous nous raconter les 24 heures les plus exaltantes de votre voyage ?
Ce serait plutôt les 36 heures. Nous sommes partis du camp de base à 4 heures du matin pour tenter de gravir le sommet de 8 611 m. À environ 400 m de l’arrivée, nous avons dû y renoncer à cause d’une tempête de neige. Les congères nous empêchaient de respirer et de voir à plus d’un mètre. Mon ami Fred Roux et moi-même ne sentions plus nos pieds. C’était mon anniversaire et je me suis dit que je ne pouvais pas mourir ce jour-là, alors nous avons décidé de rebrousser chemin.

Quel a été le moment le plus difficile ?
Le plus difficile a été de prendre la décision de renoncer, pour la troisième fois, à mon rêve de gravir ce sommet.

Au cours de vos voyages, vous avez risqué votre vie de nombreuses fois, quelles sont vos motivations pour repartir ?
Ma liberté ! Je la récupère uniquement quand je suis en expédition et quand je mets ma vie en danger.

Depuis vos premières expéditions, il y a 20 ans, avez-vous toujours peur ?
La peur est quelque chose qu’il faut toujours ressentir. Quand on arrête d’avoir peur, c’est peut-être qu’on a trop confiance en soi.

Quel a été votre plus beau voyage ?
L’Antarctique. Pour moi, c’était un rêve d’enfant.

Après tous ces exploits, avez-vous encore des rêves ?
Je pense avoir vu pas mal de choses sur la planète mais j’aimerais partir à la découverte des fonds marins.

Quelle a été votre plus grande joie ?
Le jour où mes filles sont nées !

Sur le plan humain, que vous apportent de telles aventures ?
Il y a toujours quelque chose à apprendre quand on tente de repousser les limites de sa zone de confort. En sortir, c’est quelque chose que très peu de gens sont prêts à faire aujourd’hui. Mes aventures m’ont aidé à surmonter les épreuves de la vie, dont la perte de ma femme Cathy.

Quelle est votre philosophie dans la vie ?
Je dis souvent, dans la vie on a que 30 000 jours à vivre. Il ne faut pas en gaspiller un seul.

Quand vous n’êtes pas en expédition, quelles sont vos distractions ?
Je m’entraîne pour les prochaines expéditions. Je fais du vélo et je cours. J’essaye également de passer du temps avec mes filles Jessica et Annika.

Propos recueillis par Anouk Julien-Blanco

Expédition Pole2Pole, Mike Horn sur son voilier en route pour l’Antarctique 2017.
© D. Sharomov

Traversée de l’Antarctique 2017.
© D. Sharomov

Driven to explore 2015.
© D. Sharomov

Expédition Pangaea 2008 : voyage dans la péninsule antarctique avec 20 jeunes de 13 à 20 ans.
© D. Sharomov

Traversée de l’Antarctique 2017.
© D. Sharomov

Expédition Pangaea 2010 : voyage dans le désert de Gobi pour faire découvrir aux jeunes la beauté et l’écosystème du désert.
© D. Sharomov

Botswana 2017
© D. Sharomov

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Fils d’un océanographe explorateur des profondeurs et petit fils du premier homme à avoir atteint la stratosphère, il est marqué dès l’enfance par l’idée que d’autres voies sont toujours possibles, à condition de remettre en question ses habitudes et d’aller au bout de ses combats. Le sien : améliorer la qualité de vie sur la terre.

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