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- Littérature -

Louis-Philippe Dalembert
"La fiction intervient dans les failles"

Romancier et poète prolixe, Louis-Philippe Dalembert est inspiré par les situations chaotiques, qu’elles soient politiques ou créées par des catastrophes naturelles. Sa naissance en Haïti a sans doute façonné sa grande sensibilité à la fragilité des êtres et des choses. En 2021, alors qu’il était titulaire de la Chaire d’écrivain en résidence à Sciences Po Paris, il fut le premier à recevoir le Prix littéraire Michel Reybier.

Comment savez-vous que vous tenez le sujet d’un prochain roman ?
C’est difficile : je ne sais pas si c’est une chance ou une malédiction mais j’ai souvent trois ou quatre idées en tête. J’ai tendance à en suivre une, et à m’apercevoir au bout de quelques mois que ce n’est pas la bonne. Alors je passe à autre chose. J’utiliserais la métaphore suivante : je suis enceint de plusieurs enfants qui ne sortent pas tous en même temps. Mon dernier roman, Milwaukee Blues (Sabine Wespieser) est sorti en 2021, mais j’avais commencé à l’écrire en 2014 au moment de l’assassinat d’Eric Garner à New York. Cela faisait longtemps que je voulais écrire sur les Etats-Unis parce que j’y ai de la famille et que j’y ai vécu. Mais en 2014, je n’étais pas prêt. J’ai mis ce sujet dans un coin de ma tête, j’ai écrit deux autres romans et l’élément déclencheur fut l’assassinat de George Floyd en 2020.

Les pays vous inspirent-ils ? 
Oui. L’Italie par exemple est un pays avec lequel j’ai des liens forts. J’ai longtemps habité à Rome, en dehors même de mon expérience de pensionnaire à la Villa Médicis. Je tournais autour du personnage de Pauline Bonaparte qui, avec son premier mari, le général Leclerc, a pris part à l’expédition chargée de rétablir l’esclavage en Haïti. Je creusais cette piste sans qu’elle ne donne rien quand, en avril 2009, il y eut le tremblement de terre de l’Aquila dans les Abruzzes. C’est une zone que je connaissais bien, je m’y suis rendu. Quelques mois après, en janvier 2010, la terre a tremblé en Haïti et j’ai écrit Ballade d’un amour inachevé (Mercure de France) qui dresse un parallèle entre les deux séismes.

Écrivez-vous de la poésie en même temps que vous écrivez un roman ?
Cela m’arrive quand je démarre mon roman et que je m’y mets lentement. Mais lorsque je suis lancé, je n’écris rien d’autre de peur que l’histoire ne m’échappe, car je n’en connais ni le déroulement ni la fin. Certains écrivains ont en tête leurs personnages et leur trame de A à Z ; ce n’est pas mon cas. J’ai besoin de me concentrer jusqu’à ce que j’accouche du premier jet. Le plus dur à définir, c’est le ton. Quand je l’ai trouvé, je sais qu’une partie du roman est écrite. Il m’est arrivé de chercher ce fameux ton pendant des semaines, voire des mois.

Savez-vous pourquoi vous êtes devenu artiste ?
Je crois que chacun a besoin d’exprimer de quelle façon il est au monde, et de laisser des traces. Moi, c’est la littérature qui me permet de marquer mon passage. C’est une peur inconsciente de la mort, un moyen de conjurer ce vers quoi nous tendons tous. J’ai exercé d’autres métiers que celui d’écrivain, le journalisme notamment. Mais j’ai besoin de la créativité que permettent le roman ou la poésie.

Quels sont les arts qui vous inspirent, exceptée la littérature ?
La musique. D’ailleurs ce n’est pas un hasard si mon dernier roman s’intitule Milwaukee Blues.

Propos recueillis par Virginie Bloch-Lainé
© A. Pinel



© A. Pinel

© G. Gardette

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