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- Interview -

Natalie Dessay 

Au-delà de l'excellence

Riche de trente années passées à exceller dans l’art du chant lyrique, NATALIE DESSAY s’aventure aujourd’hui sur d’autres chemins : le jazz, la chanson française, le théâtre… Artiste habitée et personnalité hors norme, elle goûte désormais, aussi, au plaisir du lâcher-prise.

Artistiquement, l’excellence est-elle une fin en soi ou un objectif à atteindre pour mieux s’en affranchir ?
Cela dépend de l’art que l’on pratique. La quête d’excellence est inhérente au métier de chanteur lyrique, car il y a un geste très technique et athlétique à accomplir le mieux possible, comme lorsque l’on pratique un sport de compétition. à l’inverse, le théâtre appelle plutôt la mise à nu, la disponibilité, l’écoute de ses partenaires. Il s’agit avant tout d’être juste, vrai, sincère, honnête. Nos failles et nos imperfections servent le jeu, alors qu’elles desservent le chant.

Comment une chanteuse lyrique travaille-t-elle sa voix pour en développer les reliefs, les couleurs et la virtuosité ?
Par un entraînement régulier, pensé sur la longueur. Il est impossible de pratiquer la technique vocale plus d’une heure par jour. Au quotidien, notre travail comporte également l’apprentissage des langues, de la musique, des partitions et bien sûr de la respiration : tellement complexe que j’ai mis 25 ans à la maîtriser ! Ce programme exige beaucoup de rigueur, des exercices précis et une hygiène de vie de sportif de haut niveau.

Il y a un an sortait, chez Sony, le magnifique album « Between Yesterday and Tomorrow » dans lequel vous interprétez une œuvre du compositeur Michel Legrand. Cette rencontre a-t-elle été déterminante ?
Essentielle ! Michel Legrand m’a montré le chemin de la liberté, m’a encouragée à donner libre cours à ma vraie voix. Je me plais à dire que je n’ai pas eu la chance de rencontrer Mozart mais que ce n’est pas grave, puisque j’ai le privilège de travailler avec ce compositeur de génie ! Il avait commencé à écrire cette œuvre dans les années soixante-dix. Il l’a achevée et fabuleusement réorchestrée pour que nous puissions l’enregistrer ensemble. Un cadeau merveilleux.


Jusqu’à la fin de l’année, vous jouez au théâtre Montparnasse dans une pièce de Stefan Zweig intitulée « La légende d’une vie ». Est-ce aussi le début de votre nouvelle vie ?
Je l’espère ! Car elle me procure un bonheur infini. J’apprends tous les jours en regardant mes camarades, en les écoutant, en les scrutant. J’aime l’interaction formidable qui existe entre les acteurs ; la jubilation de pouvoir accueillir l’imprévu, d’être dans le moment pour ne pas reproduire ce que l’on a fait la veille, de retrouver à chaque fois la fraîcheur, comme si l’on découvrait le texte. Lorsque j’interprétais des rôles à l’opéra, j’aimais déjà par-dessus tout éprouver des sentiments et des sensations, faire vivre les personnages. Alors bien sûr, j’ai envie de jouer la comédie durant les trente prochaines années de ma vie !

Dans votre parcours incroyable, quel rôle a joué l’excellence ?
Elle m’a permis de cultiver le don qui m’a été donné : ma voix, comme on fait fleurir un jardin. Elle m’a appris ce qu’est le travail et tout ce qui fait qu’aujourd’hui les metteurs en scène de théâtre me font confiance : respirer, poser ma voix, transmettre la mélodie des mots et le rythme du phrasé.


Propos recueillis par Michèle Wouters
Photos © S. Fowler - Sony Classique

Jusqu’au 23 décembre 2018
« La légende d’une vie » de Stefan Zweig.
Théâtre Montparnasse - Paris.

Janvier 2019
« Certaines n’avaient jamais vu la mer »,
adapté du roman de Julie Otsuka.
Théâtre des Quartiers d’Ivry.

Février 2019
Concert avec le Big Band de Fred Manoukian.
La Scène Musicale - Paris.

Mai 2019
Concert avec Philippe Cassard
La Scène Musicale - Paris.

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